Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/209

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demandent, [qu’]il est certain que l’homme ne cesse jamais de le demander, si Dieu ne cesse de luy en donner la demande.

Ce double délaissement, l’un dans lequel Dieu précède et l’autre dans lequel Dieu suit, nous est marqué clairement dans St Prosper lorsqu’il dit ces paroles : Dieu ne quitte point si l’on ne le quitte ; et il fait bien souvent qu’on ne le quitte point. Donc il est infaillible qu’il ne le fait pas toujours. Donc dans ceux où il ne fait pas qu’ils ne le quittent point, il est visible que Dieu cesse, de la première manière, en ne faisant pas en sorte que l’homme ne le quitte point, ensuite de quoy l’homme quittant Dieu, Dieu le quitte ensuite de la seconde manière. Que si l’on demande à S 1 Prosper d’où vient donc qu’il en retient les uns, et non pas les autres, il repond ces paroles immédiatement suivantes : Mais d’où vient qu’il retient ceux-cy, et non pas ceux-là ? Il n’est ny permis de le rechercher, ny possible de le trouver. Par où nous voyons que ceux que Dieu ne retient pas le quittent, ensuite de quoy il les quitte, qui est précisément ce que j’ay dit.

Et St Augustin, maistre de saint Prosper, nous enseigne la mesme chose lorsque, parlant de la chute de tous les Reprouvez généralement, qui arrivent pour un temps à la justice, il déclare qu’ils reçoivent la grâce, mais qu’ils sont temporels, c’est-à-dire pour un temps. Ils quittent, et ils sont quittez, car ils ont esté abandonnez à leur libéral arbitre par un jugement juste, mais caché. Par où nous voyons que ces