Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/260

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courre quand il luy plaist, et il est aussi en son pouvoir de le faire.

En ces exemples il y a relation de la possibilité au pouvoir.

Mais on sçait aussi qu’il est possible qu’un homme vive soixante ans, et que cependant il n’est au pouvoir de personne, non-seulement d’arriver à cet âge, mais de s’assurer d’un instant de vie.

Et qu’il est possible qu’un Prince du Sang, quoy que le dernier de la Maison Royale, devienne Roy légitime, sans qu’il soit toujours en son pouvoir de le devenir.

Et ainsi il est aussi simple et aussi ordinaire de voir que cette relation ne se rencontre pas, que le contraire : D’où il paroist assez qu’elle n’est pas perpétuelle et nécessaire.

Et qu’ainsi il n’y a point de répugnance nécessaire et convaincante par la seule force des paroles à dire que les Commandemens soient possibles aux hommes ; et que néanmoins les hommes n’ayent pas toujours le pouvoir de les accomplir, [1][puisque la grâce par laquelle ils sont rendus possibles, n’est pas toujours et nécessairement dans chacun des hommes.]

[De la mesme sorte il ne répugne point de dire tout ensemble qu’un homme sain, mais enchaisné peut courir, puisque la rupture de ses fers est possible, sans qu’on puisse dire qu’il soit toujours en

  1. La fin de ce chapitre est barrée au manuscrit.