Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/261

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son pouvoir de courir, puisque sa liberté ne dépend pas toujours de luy.]

[On peut dire la mesme chose d’un malade, et de mille autres exemples.]

Règle pour discerner en quelles circonstances il y a relation de la possibilité au pouvoir.

Mais il est facile de déterminer par une Règle générale, en quelles circonstances cette relation de la possibilité au pouvoir se rencontre. Celle-cy y satisfait :

Toutes les fois que la cause par laquelle un effet est possible est présente et soumise au sujet où il doit estre produit, il y a relation de la possibilité au pouvoir ; c’est-à-dire que l’effet est au pouvoir de ce sujet, et non pas autrement.

C’est ainsi qu’il est au pouvoir de ce légitime héritier du Royaume, receu avec applaudissement de tous ses sujets, d’estre Roy ou non ; parce que toutes choses estant disposées à le reconnoistre, sa seule volonté est seule cause et maîtresse de l’événement ; et comme sa volonté est en sa disposition et dans luy-mesme, l’effet est dit estre en sa puissance.

Il n’en est pas de mesme d’un captif retenu dans les fers ; sa liberté est bien possible, mais elle n’est pas en sa puissance, parce que la rupture de ses chaisnes, qui est la cause capable de la luy donner, n’est pas en sa dépendance. Et ainsi on ne peut dire que sa sortie soit en sa puissance, quelque possible qu’elle soit en elle-mesme.