Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

celuy auquel il ne manque rien pour agir. De sorte qu’il est très véritable qu’on peut dire de ceux ausquels il manque quelque secours, sans lequel il est asseuré qu’ils ne feront jamais une action, qu’ils n’ont pas, en ce sens, le pouvoir de la faire.

C’est ainsi qu’on peut dire avec vérité qu’un homme dans les ténèbres, n’a pas le pouvoir de voir, en considérant le plein et dernier pouvoir sans lequel on n’agit point.

Et ainsi un homme, quelque juste qu’il soit, s’il n’est aidé d’une grâce assez puissante, ou pour user des termes du Concile, d’un secours spécial de Dieu[1], il est véritable selon le mesme Concile, qu’il n’a pas le pouvoir de persévérer, parce qu’encore qu’il en ait le pouvoir dans les divers sens qui en sont expliquez, il n’en a pas néanmoins le pouvoir plein et entier auquel il ne manque rien de la part de Dieu pour agir : Et c’est pourquoy le Concile défend sous peine d’anatheme, de dire qu’il en ait le pouvoir.



  1. Vide supra p. 108.