Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/284

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Ce discours suppose trois choses :

La première, que les Pères n’avoient pas en teste des hérétiques qui soutinssent l’impossibilité invincible des préceptes.

La seconde, que n’ayant point d’heretiques qui soutinssent cette erreur, ils n’ont pu avoir aucun autre sujet de s’y opposer.

La troisième, que n’ayant aucun sujet de la ruiner, ils n’ont pu l’entreprendre, puisqu’ils auroient combattu des chimères, en réfutant des erreurs que personne ne soûtenoit.

Et c’est à quoy il faut repartir, et renverser ces trois fondemens par trois réponses particulières :

La 1re, Qu’encore que personne ne parlast de cette erreur, les Pères n’auroient pas laissé de la condamner si l’occasion s’en fust offerte[1], sans qu’on puisse dire pour cela qu’ils eussent combattu des chimères.

La 2, Qu’encore qu’il n’y eust point d’heretiques qui la soutinssent, ils auroient pu avoir d’autres raisons de s’y opposer, puisqu’il auroit pu arriver qu’on la leur auroit imputée à eux-mesmes, et qu’on les auroit mis par cette calomnie dans la nécessité de la réfuter pour s’en défendre ; ce qui en effet est si véritable, qu’il ne faut avoir aucune connoissance de l’histoire de l’heresie pelagienne et des écrits des Saints Pères sur ce sujet pour douter des reproches continuels que ces hérétiques leur faisoient d’estre dans cette erreur.

  1. Voir le même raisonnement, Pensées, fr. 513, T. II, p. 411 et note 1.