Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/283

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que les Commandemens sont impossibles aux Justes, d’une impossibilité invincible, pour faire entendre à tout le monde que la Proposition contraire qu’ils ont establie n’a autre sens que celuy-cy : Qu’il n’est pas impossible que les hommes n’observent les Commandemens.

Je ne m’arresteray pas à montrer que le Concile de Trente avoit des hérétiques à réfuter qui fussent dans cette erreur, puis qu’on sçait que c’est celle de Luther. Ces hérétiques estant encore vivans, on ne peut en avoir aucun doute. Aussi on ne conteste plus que le sens de cette Décision du Concile ne soit opposé à celuy de Luther, et qu’il ne nie l’impossibilité d’observer les préceptes, au sens de cet hérésiarque, c’est-à-dire au premier sens.

Mais on prétend qu’on ne peut dire la mesme chose de cette mesme Décision qui se trouve dans les Pères, parce qu’on dit qu’ils n’avoient point d’heretiques qui fussent dans ce sentiment ; Et qu’ainsi ayant parlé avant la naissance de cette erreur, leur expression ne peut estre restreinte à ce sens par aucune circonstance, de sorte qu’elle doit estre prise généralement et entendue au second sens, c’est-à-dire à celuy-cy : Que les Justes ont toujours le pouvoir entier d’accomplir les Gommandemens.

Voilà de quelle sorte on entreprend d’expliquer le sens des Saints Pères, et l’on fait un si grand estât de ce raisonnement, qu’il importe extrêmement de le ruiner, pour renverser par là le seul fondement de cette interprétation.