Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/311

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ne luy impute pas ses œuvres à damnation, Qu’il soit anatheme.]

Par où l’on void non-seulement que ces paroles, Que les Commandemens ne sont pas impossibles aux Justes, sont restreintes à cette condition, quand ils sont secourus par la grâce ; et qu’elles n’ont que la mesme force que celles cy, Que les Justes ne pèchent pas en toutes leurs actions, Et enfin qu’il s’en faut tant que le pouvoir prochain soit étendu à tous les Justes, qu’il est défendu de l’attribuer à ceux qui ne sont pas secourus de ce secours spécial, qui n’est pas commun à tous, comme il a esté expliqué.

Conclusion.

Concluons donc de ces Décisions toutes saintes : Que Dieu par sa miséricorde donne quand il luy plaist, aux Justes le pouvoir plein et parfait d’accomplir les préceptes, et qu’il ne le donne pas toujours, par un jugement juste quoy que caché.

Apprenons par cette Doctrine si pure, à défendre tout ensemble la puissance de la Nature contre les Luthériens, et l’impuissance de la Nature contre les Pelagiens : la force de la grâce contre les Luthériens ; et la nécessité de la grâce, contre les Pelagiens ; sans ruiner le libre arbitre par la grâce, comme les Luthériens ; et sans ruiner la grâce par le libre arbitre, comme les Pelagiens.

Et ne pensons pas qu’il suffise de fuir une de ces erreurs pour estre dans la vérité.