Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/324

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autre ; et Mr Perier se resolust en effet, d’en faire une, mais comme il n’a jamais un moment de loisir, après avoir bien attendu, comme il vit que le temps pressoit, il manda ses intentions à mon fils et luy ordonna de la faire. Cependant comme mon fils voyoit que ce procédé faisoit de la peine à M. de R[ouannez], à M. de la Chaise et aux autres, il ne se vanta point de cela et fit comme si cette préface estoit venue d’icy toute faite. Ainsy, Monsieur, vous voyez bien qu’outre toutes les autres raisons qu’ils prétendent avoir de se plaindre, cette finesse dont mon fils a usé les choqueroit asseurement[1].

Ma fille s’est fort bien portée depuis son retour de Paris, elle s’est mise, ce caresme, à la nourriture du laict qui, à l’ordre, la restrainct terriblement, elle y a meslé de l’eau d’orge qui luy a rendu le ventre fort libre durant quelques jours, mais depuis il est redevenu paresseux et quoy que cela soit fascheux, ce n’est pas le pire, car cette difficulté luy donne des efforts qui luy excitent un grand feu et de grands maux. Mandez-moy, s’il vous plaist, ce qu’on peut faire là-dessus, car pourveu qu’elle eust une invention pour se tenir le ventre libre, le laict luy fait des merveilles et son mal ne fait nul progrez.

Je vous envoyé une lette que j’escris à Mr Touret. Je vous suplie de l’obliger à me faire réponse et je vous l’envoyé ouverte, afin que vous ayez la bonté de m’expliquer tout cela, car je ne m’attens pas trop qu’il le fasse. Mr Perier et toute ma famille vous salue très humblement.

Mandez-nous, s’il vous plaist, des nouvelles de Monsieur le Marquis de Boisdauphin.

Je suis, Monsieur, vostre tres humble et très obéissante servante.

G. Pascal.

Je vous suplie de prendre peine de donner le plus tost que vous pourrez la lettre de Mr Touret et la cacheter, s’il vous plaist.

  1. Voir Pensées, T. I, p. clxxx, n. 1.