Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

croire que je n’ay pas manqué de reconnoissance là-dessus et je m’asseure que vous excuserez mon retardement, quand vous aurez veu le récit effroyable de l’estat où nous sommes. Vous avez une si parfaitte connoissance des sentimens que nous avons eus pour Mr Domat[1], qu’il vous sera aisé de comprendre quel effet peut produire en nous sa manière d’agir. Je puis vous dire aveques vérité que depuis quatre mois que cela dure, j’en ay esté si occupée que j’ay quelquesfois oublié la maladie de mon fils, quoy qu’asseurement elle me tienne fort au cœur. J’envoye aujourd’huy les eaux de Vic-le-Comte qu’il m’a demandées, sur vostre ordonnance. Je prie Dieu que ce remède luy soit utile, mais on n’espère pas grand’chose par là, et tous Mrs. nos médecins me disent qu’il faut absolument qu’il revienne, c’est un grand desplaisir pour moy, pour bien des raisons que vous pouvez juger, mais la santé est préférable à toutes choses, parce que sans elle on ne peut jouir de tous les autres avantages. Je le recommande à vos soins et à vos prières, et je vous suplie de croire que cette obligation m’est plus sensible que si c’estoit pour moy-mesme. Je suis aveques tout le respect que je dois, Monsieur, vostre très humble et très obéissante servante.

G. Pascal.

(A Monsieur, Monsieur Vallant docteur en médecine chez Madame la Marquise de Sablé, fauxbourg St-Jacques, proche le monastère de Port-Royal, à Paris.)


X. — Lettre de Madame Perier à Monsieur Vallant (Autographe à la Bibliothèque Nationale, ms. f. fr. 17047, f° 246).

[octobre 1676.]

Vous verrez, Monsieur, par la lettre que mon fils se donne

  1. Sur ces difficultés avec Domat, cf. supra T. X, p. 193, n. 2.