Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/331

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estant sur le point de faire l’action la plus importante de vostre vie. J’ai ouy dire plusieurs fois à M. Singlin qu’il falloit considérer les premiers engagemens dans un estat comme une semence qui renferme en soy, et qui produit ensuite les racines, le tronc, les branches et les fruits de l’arbre qui en viennent. Ces considérations feroient frémir, si on les regardoit dans toute leur étendue ; mais il faut agir avec simplicité et avec confiance, principalement quand on le fait par le conseil de gens prudens, éclairés et charitables. C’est l’avantage que vous avez si grand et si rare que vous ne sçauriez le comprendre. Rendez— en grâces à Dieu, et priez-le qu’il vous fasse la grâce d’en bien user, et de verser ses bénédictions sur vous et sur le reste de la famille, et qu’il vous fasse la grâce de connoistre sa sainte volonté sur vous, et de l’accomplir fidèlement en toutes choses. Adieu, mon cher enfant ; souvenez— vous de moy, et soyez persuadé que je suis tres-sincerement et fidèlement et entièrement tout à vous.

G. Pascal.

Je m’asseure que vostre frère comprend bien qu’il est compris dans cette asseurance, que je vous donne de mon affection ; mais comme il ne s’agit pas de luy dans cette occasion, je ne parle qu’à vous. Asseurez-le que je ne l’oublie pas et que je suis à luy comme à vous, sans pourtant me diviser parce que je vous regarde comme une mesme chose.


IX. — Lettre de Madame Perier à Monsieur Vallant (Autographe à la Bibliothèque Nationale, ms. f. fr. 17047, f° 266).

Ce 5 août 1676.

Vous aurez esté surpris sans doute, Monsieur, de ce que j’ay différé si longtems à vous rendre grâces de toutes les assistances que vous avez rendues à mes enfans dans tous leurs besoins, mais j’espère que vous m’aurez bien fait la justice de