Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/338

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sera possible, et de vous souvenir sans cesse du compte que Dieu vous en demandera un jour. Nous n’avons pas manqué de vous recommander à Dieu en cette occasion, et je suis bien aise de ce que vous vous y estes souvenu de nous. Continuez, je vous en supplie de le faire et de le prier qu’il luy plaise de répandre sur vostre famille ses grâces, afin que nous ne fassions jamais rien que par ses mouvemens. Adieu, adieu, mon cher enfant. Aimez-moy toujours, et soyez persuadé qu’on ne peut pas estre avec plus de tendresse que je suis entièrement à vous.

G. Pascal.

Je vous prie d’assurer M. le curé[1] de mon tres-humble respect et de ma tres-humble reconnoissance de toutes les bontés qu’il a pour vous. J’embrasse votre frère.

XIII. — Lettre de Madame Perier a Blaise Perier son fils (copie au 2e Recueil du Père Guerrier, p. 78).

Ce 18e Mars 1680.

Vous connoissez trop mes senti mens, mon très-cher fils, pour en douter en cette rencontre ; et je sçay que vous estes trop instruit pour n’estre pas persuadée que vous regarderez la grâce que Dieu vous fait de vous appeler à son service comme une faveur très singulière et un effet de sa pure miséricorde. On doit regarder le bonheur d’un estât et par les avantages qui s’y rencontrent et par les horribles peines de l’estat contraire. Je ne m’étends pas là-dessus, cela me meneroit trop loin. Dieu sçait, et je crois devoir vous rendre ce tesmoignage demoy-mesme, que je n’ay jamais eu d’autre bien dans l’éducation de mes enfans que de les rendre dignes de luy estre consacrez : que je les luy ay offerts au moment de leur naissance ; que je n’ay jamais révoqué cette offrande et que je ne

  1. Le curé de Saint-Jacques.