Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/339

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sçaurois avoir une plus grande joye que de lavoir acceptée. Il sçait aussi que ce qui s’est passé au contraire dans ma famille[1] ne s’est pas fait par mon mouvement ny par mon inclination, mais par la crainte que j’ay eue de manquer à ses ordres ; j’aurois possible mieux fait de suivre mes sentimens que de me laisser aller à la timidité de mon naturel. Mais ce n’est pas à nous à raisonner sur la conduite de la Providence ; je reviens à vos affaires, mon très-cher fils. Vous ne devez pas douter que je ne fasse tout ce que je pourray pour obtenir ce que vous souhaitez, mais nous craignons d’y trouver bien de la difficulté, ou si l’on n’ose pas refuser, j’appréhende qu’on s’avise d’une autre voye pour vous tourmenter, qui sera d’escrire à M. de Paris pour l’avertir de vous faire faire des difficultez à l’officialité : il sera aisé de vous reconnoistre. Je m’appelle d’un nom connu et noté ; vostre parrain[2] et vostre marraine portent le mesme nom. Vostre attestation sera de M. le curé de Saint— Jacques et du séminaire de Saint-Magloire : tout cela pourra bien vous rendre suspect, et je crains mesme que cela ne fasse penser à vous pour vous faire donner des ordres comme aux autres. Vous ferez là-dessus les reflexions que vous jugerez à propos avec M. le curé et vos amis. Nous avons icy grande difficulté pour vostre acte baptistaire. Apres la mort de M. Lavigner, ses parens se sont saisis des registres des baptesmes, des morts, des mariages, etc., pensant que le successeur leur donneroit de l’argent pour les ravoir. Cependant, comme cela ne s’est pas fait, les choses en sont là. Ces parens ne demeurent pas à Glermont ; il faut pour cela envoyer sur les lieux ; et nous ne sçavons comment il faudra faire, car un extrait de ces gens là ne fait pas foy. Vostre frère s’est chargé de s’informer si cet extrait, estant fait par un notaire des lieux, sera valable. On n’y perdra point de temps ; et c’est à quoy on s’employera, en attendant l’attestation du Père Champflour. On fera pour le mieux. Adieu. Je suis toute

  1. « Le mariage de son fils aîné » (note de Guerrier).
  2. « Blaise Pascal » (note de Guerrier).