Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/341

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qu’il croyoit nécessaire pour prévenir tout ce qu’il prevoyoit, et, contre l’avis souvent de Mrs ses confrères, il a pourveu et donné des ordres pour sa conscience et pour ses affaires où ils croyoient qu’il se pressoit trop. Je m’asseure, Monsieur, que vous jugez bien que nous avons senty cette perte de la manière que nous le devions. Un médecin habile et amy est une perte qu’il est bien malaisé de reparer. Priez Dieu pour luy, s’il vous plaist, et pour nous qui en avons grand besoin. Mes deux fils sont présentement depuis 15. jours à la campagne aveques la plus jeune de leurs Srs. Ils y ont faict nos vendanges, et ils y sont restez pour comter aveques les gens qui nous doivent et pour mettre des bornes à nos héritages, parce que tout le monde empiète sur nous de tous costez. Vous ne sçauriez comprendre la peine que nous avons à conserver nostre bien. Nous avons vendu la charge ; je vous remercie, Monsieur, de la part que vous avez voulu y prendre. Nous l’avons donnée pour rien, mais nous ne laissons pas de regarder cela comme une bonne affaire, parce que nous en estions embarrassez, que nous ne jouissions rien et qu’il falloit donner de l’argent pour la conserver. Nous l’avons vendue à un homme tres-riche, et qui nous payera quand nous voudrons et plus tôt que nous ne voudrons. Je voudrois en avoir fait autant de 5o ou 60.000 livres qui nous sont deus, pour lesquels il faut continuellement faire des procédures et discuter des biens, c’est-à-dire que je souhaitterois d’avoir cédé tous mes droits, quoique très seurs, à quelqu’un qui voulust s’en charger, en luy en quittant une très-grande portion, afin de descharger mes fils des peines et des soins que cela leur cause, et du temps qu’ils y perdent et qu’ils emploiroyent mieux, ce me semble. Je vous avoue, Monsieur, que j’ay une douleur sensible de voir des jeunes gens, qui ont renoncé à tous les avantages et à tous les honneurs du monde pour se donner à Dieu, estre accablez de toutes les peines et de tous les chagrins que donnent les establissemens les plus embarrassans, au moins pour les affaires. Mais j’espère que Dieu y pourvoira et qu’il