Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/48

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jeté sur le manuscrit original vous découvrira entre les Pensées de Pascal telles qu’elles sont écrites de sa propre main et toutes les éditions, sans en excepter une seule, ni celle de 1670, donnée par sa famille et ses amis, ni celle de 1779, devenue le modèle de toutes les éditions que chaque année voit paraître. »

Toutefois Cousin n’entreprend pas lui-même cette nouvelle édition princeps. Il se borne d’une part à éliminer les longs fragments incorporés aux Pensées et qui n’étaient ni des fragments de l’Apologie, ni même, pour plusieurs, des écrits de Pascal ; d’autre part à publier des fragments inédits « assez pour exciter la curiosité, sinon pour la satisfaire entièrement ». Surtout, entraîné par son tempérament oratoire, il se retourne contre les éditeurs qui l’avaient précédé, et prononce contre eux un réquisitoire en règle. Port-Royal lui-même n’obtient pas les circonstances atténuantes : « apparemment M. le duc de Roannez, s’est cru trop grand seigneur pour se contenter du rôle de simple éditeur de Pascal ». Et Victor Cousin énumère tous les genres d’altérations qu’on relève dans l’édition de 1670 : « altérations de mots, altérations de tours, altérations de phrases, suppressions, substitutions, additions, compositions arbitraires et absurdes, tantôt d’un paragraphe, tantôt d’un chapitre entier à l’aide de phrases et de paragraphes étrangers les uns aux autres, et, qui pis est, décompositions plus arbitraires encore et vraiment inconcevables de chapitres qui, dans le manuscrit de Pascal, se présentaient parfaitement liés dans toutes leurs parties et profondément travaillés. »

De plus il passe de la restauration de la lettre à l’interprétation de l’esprit ; il accuse Port-Royal et Bossut d’ « affaiblir » et de « voiler, autant qu’il sera en eux… le fond même de l’âme de Pascal^ je veux dire ce scepti-