Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Un hasard veut que plusieurs pensées sur les miracles dictées par Pascal soient de la main même de Mme Périer ; or l’une d’entre elles est écrite au verso d’une lettre datée du 19 février 1660. Il est donc à présumer que les indications transmises par Mme Périer sont de deux ou trois ans postérieures à la conférence de Port-Royal, qu’elles reflètent un état plus récent du plan de l’Apologie.

Enfin, une formule expresse de Pascal, le témoignage autorisé d’un contemporain nous permit-il d’établir entre les fragments un ordre qui fût à l’abri de toute objection et de toute contestation, nous n’aurions pas le droit d’en conclure encore que nous possédons l’Apologie dans son aspect d’ensemble et dans son ordonnance générale. Un Charron procède par divisions : son Traité des Trois vérités se compose de trois parties entre lesquelles nous pourrions répartir aussi les pensées de Pascal : 1° qu’il y a une religion, 2° que la vraie religion est le christianisme, 3° que la seule expression authentique du christianisme est le catholicisme, c’est-à-dire pour Pascal le jansénisme. Mais c’est précisément de Charron, du Traité des Trois vérités ou des Livres de la Sagesse, que Pascal se proposait de parler dans la préface de sa première partie ; il devait y condamner les « divisions qui attristent et qui ennuient » [1]. Sur une matière grave et aride entre toutes, les Provinciales n’avaient ni attristé ni ennuyé ; elles avaient la liberté et la diversité d’allure, la verve débordante, la vie passionnante de la meilleure des comédies ; de même l’Apologie, qu’on imagine trop souvent comme une série de dissertations théoriques, devait être un drame. C’est avec le souvenir des Provinciales qu’il convient d’interpréter des indications comme celles-ci : « Ordre par Dia-

  1. Fr. 62.