Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/72

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logues. Que dois-je faire ? Je ne vois partout qu’obscurités. Croirai-je que je ne suis rien ? croirai-je que je suis Dieu ? Toutes choses changent et se succèdent. Vous vous trompez, il y a… » ou bien : « Dans la lettre De l’injustice peut venir la plaisanterie des aînés qui ont tout : Mon ami, vous êtes né de ce côté de la montagne ; il est donc juste que votre aîné ait tout. — Pourquoi me tuez-vous[1] ? » — Montaigne est transcrit presque tout entier dans les notes de Pascal, c’est sans doute que le personnage, principal était le libertin qui a lu Montaigne. — Mme Périer nous laisse entendre que les preuves des miracles devaient former le premier chapitre de l’ouvrage ; c’est peut-être que Pascal voulait se jeter brusquement dans les événements, prendre comme point de départ les conversations qu’il eut « avec l’homme sans religion » à la veille du miracle de la Sainte-Épine, et de là revenir sur les fondements de la religion chrétienne… Sans multiplier les conjectures, une chose est acquise, c’est que quel que soit l’ordre dans lequel un éditeur publiera aujourd’hui les Pensées, l’Apologie de Pascal en eût différé du tout au tout ; car elle aurait été en dehors de tout ordre déter miné, conduite par un génie qui se moquait des règles didactiques.

Ces raisons littéraires, et encore extérieures, ne font que traduire des raisons intimes et profondes. L’ordre analytique n’est pas l’ordre vrai : il juxtapose des formules, il les enchaîne suivant les lois du raisonnement, il demeure scolastique et superficiel. L’ordre vrai, celui qui engendre la conviction, est un ordre synthétique ; en apparence il rompt le discours, en réalité il va droit au but : « Cet ordre consiste principalement à la digression sur chaque

  1. Fr. 227 et fr. 291.