Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/322

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de prendre du café après chacun de nos repas, et parce que vous vous faites appeler le vicomte de Pont-Cassé, ce n’est pas une raison pour que nous dérogions à cette habitude. Le café, voyez-vous, c’est bienfaisant, c’est tonique, ça surexcite agréablement le cerveau, ça donne du mouvement à la pensée ; si vous n’avez pas pris de café ce matin les armes ne sont pas égales, et je ne sais si, en conscience, je puis me mesurer avec vous.

— Riez, monsieur, riez bien tandis que vous pouvez rire, mais rira bien qui rira le dernier, je vous en avertis.

— Monsieur, reprit Benjamin, je ne ris pas quand je dis que le café est tonique ; c’est l’avis de plusieurs célèbres médecins, et moi-même je l’administre comme stimulant dans certaines maladies.

— Monsieur !

— Et votre alezan brûlé ? je suis bien étonné de ne point le voir là ; est-ce qu’il serait indisposé, par hasard ?

— Monsieur, dit le second mousquetaire, trêve de plaisanterie ; vous n’avez pas sans doute oublié pourquoi vous êtes venu ici ?

— Ah ! c’est vous, numéro deux ? enchanté de renouveler connaissance avec vous ; en effet je n’ai pas oublié pourquoi je viens ici, et la preuve, ajouta-t-il en montrant la table sur laquelle la boîte était placée, c’est que j’ai fait des préparatifs pour vous recevoir.

— Eh ! qu’est-il besoin de cet appareil d’escamoteur pour se battre à l’épée ?

— Mais, dit mon oncle, c’est que je ne me bats pas à l’épée.

— Monsieur, dit M. de Pont-Cassé, je suis l’insulté, j’ai le choix des armes, je choisis l’épée.