Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/47

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seau tourmenté par la tempête, dans un fluide qui presse et qui bouillonne ; vois et calcule, si tu peux, ces mouvements. Ainsi, quand le système de Descartes n’eût point été aussi défectueux, ni celui de Newton aussi admirable, les géomètres devoient, par préférence, embrasser le dernier ; et ils l’ont fait. Quelle main plus hardie, profitant des nouveaux phénomènes connus et des découvertes nouvelles, osera reconstruire avec plus d’audace et de solidité ces tourbillons que Descartes lui-même n’éleva que d’une main foible ? ou, rapprochant deux empires divisés, entreprendra de réunir l’attraction avec l’impulsion, en découvrant la chaîne qui les joint ? ou peut-être nous apportera une nouvelle loi de la nature, inconnue jusqu’à ce jour, qui nous rende compte également et des phénomènes des cieux et de ceux de la terre ? Mais l’exécution de ce projet est encore reculée. Au siècle de Descartes, il n’étoit pas temps d’expliquer le système du monde ; ce temps n’est pas venu pour nous. Peut-être l’esprit humain n’est-il qu’à son enfance. Combien de siècles faudra-t-il encore pour que cette grande entreprise vienne à sa maturité ! Combien de fois faudra-t-il que les comètes les plus éloignées se rapprochent de nous, et descendent dans la partie inférieure de leurs orbites ! Combien faudra-t-il découvrir, dans le monde planétaire, ou de satellites nouveaux, ou