Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/63

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tact et les parties grossières des corps solides : ainsi se forment les sens. Chaque objet extérieur vient donner une secousse à l’organe qui lui est propre. Les nerfs qui le composent, ainsi qu’une corde tendue, portent cet ébranlement jusqu’au cerveau : là est le réservoir de ces esprits subtils et rapides, partie la plus déliée du sang, émanations aériennes ou enflammées, et invisibles comme impalpables. À l’impression que le cerveau reçoit, ces souffles volatils courent rapidement dans les nerfs ; ils passent dans les muscles. Ceux-ci sont des ressorts élastiques qui se tendent ou se détendent, des cordes qui s’alongent ou se raccourcissent, selon la quantité du fluide nerveux qui les remplit ou qui en sort. De cette compression ou dilatation des muscles résultent tous les mouvements. Les esprits animaux, principes moteurs, sont eux-mêmes dans une éternelle agitation ; et tandis que les uns achèvent de se former et se volatilisent dans le laboratoire, que les autres, au premier signal, s’élancent rapidement, une foule innombrable, dispersée déjà dans la machine, circule dans tous les membres, suit les dernières ramifications des nerfs, va, vient, descend, remonte, et porte partout la vie, l’activité et la souplesse. Prenez maintenant une âme, et mettez-la dans cette machine ; aussitôt naît un ordre d’opérations nouvelles. Descartes place cette âme dans le cerveau, parceque c’est là