Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/464

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Et pour concevoir comment ces particules se meuvent, il faut penser que toutes les parties solides ne sont composées que de petits filets diversement étendus et repliés, et quelquefois aussi entrelacés, qui sortent chacun de quelque endroit de l’une des branches d’une artère ; et que les parties fluides, c’est-à-dire les humeurs et les esprits, coulent le long de ces petits filets par les espaces qui se trouvent autour d’eux, et y font une infinité de petits ruisseaux, qui ont tous leur source dans les artères, et ordinairement sortent des pores de ces artères qui sont les plus proches de la racine des petits filets qu’ils accompagnent ; et qu’après divers tours et retours qu’ils font avec ces filets dans le corps, ils viennent enfin à la superficie de la peau, par les pores de laquelle ces humeurs et ces esprits s’évaporent en l’air.

Or, outre ces pores par où coulent les humeurs et les esprits, il y en a encore quantité d’autres beaucoup plus étroits, par où il passe continuellement de la matière des deux premiers éléments que j’ai décrits en mes Principes ; et comme l’agitation de la matière des deux premiers éléments entretient celles des humeurs et des esprits, ainsi les humeurs et les esprits, en coulant le long des petits filets qui composent les parties solides, font que ces petits filets s’avancent continuellement quelque peu, bien que ce soit fort lentement ; en