Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/465

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sorte que chacune de leurs parties a son cours depuis l’endroit où ils ont leurs racines jusques à la superficie des membres où ils se terminent, à laquelle étant parvenue, la rencontre de l’air ou des corps qui touchent cette superficie l’en sépare ; et à mesure qu’il se détache ainsi quelque partie de l’extrémité de chaque filet, quelque autre s’attache à sa racine, en la façon que j’ai déjà dite. Mais celle qui s’en détache s’évapore en l’air, si c’est de la peau extérieure qu’elle sort ; et si c’est de la superficie de quelque muscle, ou de quelque autre partie intérieure, elle se mêle avec les parties fluides et coule avec elles où elles vont, c’est-à-dire quelquefois hors du corps., et quelquefois par les veines vers le cœur, où il arrive souvent qu’elles rentrent.

Ainsi l’on peut voir que toutes les parties des petits filets qui composent les membres solides ont un mouvement qui ne diffère point de celui des humeurs et des esprits, sinon qu’il est beaucoup plus lent, comme aussi celui des humeurs et des esprits est plus lent que celui des matières plus subtiles.

21. Comment on croît étant jeune.

Et ces différentes vitesses sont cause que ces diverses parties solides ou fluides, en se frottant les unes contre les autres, se diminuent ou s’augmentent, et s’agencent diversement, selon le divers tempérament de chaque corps ; en sorte, par exem-