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86 FRANÇOIS VILLON

personnelle s'il en fut jamais '. » Ces deux dernières phrases sont exactes ; pour le reste, il n'est pas inutile de montrer sous une forme aussi résumée que possible, saisis- sable d'un coup d'œil, que le lestanicjit constitue un tout parfaitement ordonné et qui se développe d'après un plan mûri, arrêté dès le début dans son esprit.

Villon est dans sa trentième année et invective après l'évêque d'Orléans, Thibault d'Auxigny, qui l'a tenu tout un été enferré dans une fosse du château de Meun-sur-Loire, au pain et à l'eau (huit. l-vi). — Il proteste de sa reconnaissance envers « Loys le bon roy de France » auquel il doit sa délivrance (vii-ix). — Villon se sent bien faible, il fait son Testament (x). — C'est en l'an soixante et un qu'il l'écrit, cette même année que « le bon roy » le délivra ; il lui en exprime toute sa gratitude (xi). — Il fait alors un retour sur lui-même (xii). — Il repasse dans son esprit son existence vagabonde, et se rappelle com- ment Dieu lui montra une bonne ville, lui remettant l'espérance au cœur (xiii). — Il fait réflexion sur son indignité, mais compte, par son repentir, obtenir le pardon de Dieu (xiv). — Il se rappelle certain pas- sage du Roman de la Rose (xv). — Certes, si sa mort pouvait servir le bien public, il n'hésiterait pas à se sacrifier ; mais la vie d'un pauvre diable comme lui saurait-elle compter ? (xvi). — Ah ! s'il avait ren-

I. Petit de Julleville, ibid., p. 389.

Sans aller aussi loin que Petit de Julleville, M. Léon Clédat fait la remarque suivante : « L'œuvre de Villon se compose surtout de deux Testaments en vers, qui sont des confessions, tantôt émues, tantôt bouffonnes, où l'auteur accumule, dans un désordre spirituel et voulu, des souvenirs personnels, des remerciements sincères à l'adresse de ses amis et protecteurs, et de vives épigrammes, décochées sous forme de legs plaisants à ses ennemis et à ses juges . » Chrestomathie du moyen âge (Paris, s. d.), p. 374. En tout cas, le désordre est plus apparent que réel. Voici, d'autre part, l'opinion qu'émet Gaston Raynaud sur le Testament de Deschamps : « Ce testament, c'est une suite de legs fantaisistes, comme ceux que fera plus tard Villon, dont il est difficile de ne pas rapprocher le nom de celui de Deschamps qui lui a fourni sinon la source où il a puisé, du moins la forme littéraire qu'il a employée. » Œuvres, t. XI (1903), p. 283.

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