Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/127

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trop général » un certain nombre de rimes, les mêmes, à peu près, mais plus réduites, qu’a incriminées G. Paris. « La voyelle tonique, écrit ce dernier, peut être séparée du phonème final, consonne ou voyelle, par une ou plusieurs consonnes. Dans la rime exacte, ces consonnes doivent être, comme le phonème final identique, et elles le sont toujours, chez Villon, pour les rimes masculines. Mais dans les rimes féminines, il se permet des irrégularités parfois très fortes. En voici la liste : dame : asne T cxxxvii ; masles : Charles T ix ; Merle : mesle T cxvi ; enfle : temple T lxxxix ; branle : tremble T clxvi ; peuple : seule D. viii, iii ; bible : evangile T cxxxiv ; prophetes : fesses T lxxi ; fuste : fusse T xviii » (Romania, t. XXX (1901), p. 368). G. Paris aurait pu alors ajouter à cette liste les rimes bulles : brusles : luttes : fleustes : reculles : nulles (T 1692, 1694, 1700, 1708, 1710) non moins singulières, en apparence, et qu’on n’est pas en mesure d’expliquer ; mais qui se trouvent justifiées par les rimes suivantes de G. Alexis dans les Contreblasons des faulses amours (t. I, p. 302, v. 577-588) : Pollutes : dissolutes : imbulles : bulles (cf. Chatelain, p. 73, et la note au vers 1700 du Testament).

Dame : asne (T 1564 ; 1566). — Cette permutation entre m et n s’observe dans de nombreuses rimes au xve s. ; on connaît beaucoup d’exemples où elle se présente, entre autres celui de Villon : Chatelain en a dégagé la conclusion suivante : « La voyelle qui précède m ou n a encore gardé à cette époque une résonnance nasale ; c’est l’identité de la voyelle nasale qui fait rime ; que la consonne suivante soit labiale ou dentale, si elle reste de même ordre, c’est-à-dire nasale, la divergence est secondaire et n’altère pas l’exactitude de la rime. C’est une rime plus relâchée que celle qu’acceptent certains de nos poètes contemporains, tel M. Henri de Régnier qui accouple, non pas seu-