Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/126

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IIO FRANÇOIS VILLON

adjonction d'une s finale à la rime, Villon ne faisait qu'imi- ter les poètes ses contemporains, et ses devanciers du xiv^ siècle qui se servaient de cette s, quelques-uns à bon escient et en connaissance de cause, le plus grand nombre, comme Villon, par simple imitation et parce que cette adjonction leur était nécessaire pour obtenir une rime exacte. Mais pourquoi Villon et les poètes de son temps n'auraient-ils pas usé de cette licence, alors que les prosateurs ajoutaient souvent cette ^, bien qu'ils n'en eussent aucun besoin? On remarquera en outre que c'est le plus souvent des substan- tifs et des adjectifs au cas sujet singulier qui sont gratifiés de cette s et cela, aussi bien en vers qu'en prose. Villon ne faisait donc que se conformer aux habitudes graphiques en usage autour de lui. D'ailleurs, au temps de Villon, l'or- thographe était loin d'être fixée : la prononciation était flottante et variait de province à province, à Paris surtout, dans le milieu essentiellement cosmopolite qui constituait l'Université. Villon, tout pénétré du Roman de la Rose, avait admiré la richesse des rimes de cet ouvrage, richesse qu'il a souvent fait passer dans ses vers. Quant aux « irrégula- rités » qu'on lui a reprochées, elles sont beaucoup plus apparentes que réelles, et se trouvent justifiées par de nombreux exemples empruntés à ses contemporains et à ses devanciers. Villon n'est d'ailleurs pas un novateur en fait de rimes. Ses huitains et ses ballades sont conçus dans la forme traditionnelle . Pour les ballades en jargon, la pre- mière présente une fantaisie de lyihme, et la troisième une variété qui ne semblent pas avoir eu d'imitateurs (cf. Châtelain, p. 176, 178). Au xviii^ siècle, le P. du Cerceau, dans sa lettre relative à Villon, avait signalé la richesse de la rime de notre poète et cela, sans faire de réserve, ce qui avait amené l'éditeur, Prosper Marchant, à dire, en note, que le P. du Cerceau exceptait « sans doute de cet éloge

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