Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/26

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fiantes et probablement fort libres où assistaient ces femmes, on ne relève jamais le nom de maître Guillaume de Villon. Possesseur de certains revenus qu’il percevait sur trois modestes immeubles lui appartenant et sur des quartiers de vigne assis près de Vaugirard[1], il faisait en outre partie de la Grande Confrérie aux Bourgeois où, comme on vient de le voir, il avait fondé son obit. Telle était la situation fort honorable qu’occupait à Paris maître Guillaume de Villon. Mais il était également, dans son pays natal, un personnage en évidence, car il n’était rien de moins, comme en témoigne un accord de 1458, que seigneur châtelain de la terre et châtellenie de Malay-le-Roy, au bailliage de Sens[2], jouissant du droit de haute justice dans le bois dit de la Potence où — singulière ironie des mots — il avait fait dresser le gibet par droit seigneurial. Le jeune François si porté, plus tard, aux équivoques, n’aura sans doute pas été sans en faire le rapprochement. Mais, pour le moment, il était installé à l’hôtel de la Porte-Rouge dans le cloître Saint-Benoît où maître Guillaume lui donnait les premières leçons qu’on recevait alors dans les pédagogies. C’est ainsi qu’il dut lui faire apprendre les principes de la grammaire latine, qu’il lui fit lire le Donat en le lui commentant, de même le Doctrinal d’Alexandre de Villedieu, peut-être l’Art de Memoire qui provoquera ses sarcasmes dans le Lais[3], l’Elucidarium d’Honorius dont il existait des traductions et des adaptations françaises, car ce dernier ouvrage, sorte de catéchisme élémentaire, jouissait alors de la plus grande vogue ; ou bien, à défaut de celui-ci, l’Opus tripartitum de Jean Gerson, autre catéchisme traduit en français à l’usage des tout jeunes enfants, mais plus

  1. Schwob, Réd. et notes, p. 51.
  2. Ibid., p. 59, 60, et tout le chap. 11.
  3. Lais, 112.