Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/34

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à autre à ses compagnons de plaisir, aussi dénués que lui de préjugés comme d’argent, ces « repues franches » ainsi que l’atteste le poème de ce nom. Pour son malheur, Villon semble s’être plus particulièrement lié avec deux clercs de mauvaise vie qui devaient finir au gibet : Colin de Cayeux et Regnier de Montigny, lesquels avaient déjà, en 1452, eu maille à partir avec la justice[1]. Cette fréquentation devait être fatale à Villon, caractère faible, facilement impressionnable, et prêt à subir sans résistance les suggestions d’autrui. Mais, comme il fallait vivre, il y a lieu de penser qu’il chercha, entre temps, à faire quelques travaux d’écriture pour des procureurs et notaires du Palais et de l’Officialité ou des clercs du Trésor, ainsi qu’en témoigne l’emploi fréquent de termes de droit qu’on relève dans ses poésies[2]. Peut-être aussi, lorsque reprirent les cours de l’Université, se fit-il inscrire à la Faculté de décret comme l’avait fait autrefois son protecteur Guillaume de Villon ; mais il semble bien que tout travail l’ait rebuté et qu’il ait voulu « vivre sa vie » ; ce qui lui arrachait plus tard ces regrets qui se rapportent à cette époque et aux années qui suivirent :

  1. Sur la biographie de Regnier de Montigny et de Colin de Cayeux, cf. Longnon, Romania, t. II (1873), p. 214-216 ; Étude biographique, Doc, III, p. 131 ; VII, p. 150 ; VIII, p. 152 ; IX, p. 156 ; pour R. de Montigny ; XI, p. 171, pour C. de Cayeux : de même Dupuy 250, fol. 22 v° (26 août 1452) ; fr. 5908, fol. 70 v° ; Dupuy 250, fol. 41 v° (27 août 1457 ; 9 septembre 1457 ; 15 septembre 1457) ; fr. 5908, fol. 89-89 v° ; Dupuy 250 fol. 54 v° (25 septembre 1460) ; fr. 5908, fol. 104. — Colin de Cayeux fut vraisemblablement « l’agent de liaison », comme on dit aujourd’hui, entre Villon et les Coquillards.
  2. Guillaume Colletet, dans la biographie plus que médiocre qu’il a écrite de Villon, et que Lacroix a publiée d’après le ms. autographe de l’auteur, en a fait la remarque. (En tête des Œuvres de Villon, édit. de 1854 et celles qui ont suivi.) Schwob a montré que les exemples cités par Colletet étaient d’ailleurs assez mal choisis. Réd. et notes, p. 23.