Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/35

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Hé ! Dieu se j’eusse estudié
Ou temps de ma jeunesse folle,
Et a bonnes meurs dédié,
J’eusse maison et couche molle.
Mais quoy ? Je fuyoie l’escolle
Comme fait le mauvais enfant.
En escripvant ceste parolle,
A peu que le cuer ne me fent[1].

On sait que la jeunesse allait alors de vingt-cinq à trente ans[2], et quant au titre d’« escolier » il le conserva jusqu’à la fin. Un amour malheureux qui semble l’avoir occupé exclusivement vint à l’encontre de ses idées de travail, à supposer qu’il en ait eu quelque velléité. Après avoir tout fait pour se concilier les bonnes grâces de cette jeune personne qu’il nomme et se voyant joué par elle, il l’avait chansonnée, et s’était sans doute vu condamner à être « batu comme a ru telles »[3], comme toiles au ruisseau. Les circonstances de cette correction rapportée par Villon sont assez obscures pour que l’on puisse hésiter entre une punition publique ordonnée par Justice et un « guet-apens » préparé sans doute à l’instigation d’un rival[4] :

  1. Test., huit. XXVI, v. 201-208.
  2. Cf. la note aux vers 119-120 du Test.
  3. Test., 658-659. — « Veu par la Court certaines informacions faictes a la requeste de Pierre Guillemet, dit de Lyon, cousturier, et de Jehanne Butelle, sa femme, sur aucunes chansons et libelles diffamatoires faiz par ung nommé Jehan le Fevre, paige. Finaliter fut condamné a estre batu nud de verges et devant l’ostel desdits Guillemet et sa femme, et requerir pardon. Et defend ladicte Court ausditz paiges et a tous autres que doresnavant ilz ne facent ne chantent lesdites chansons ne autres semblables chansons diffamatoires faisans mencion d’aucunes personnes particulieres, sur peine de bannissement et d’estre pugniz corporellement. » Nota. — « Contre un paige pour avoir chanté chanson ou estoit nommée particulierement la femme que a espousee Estienne la Vergne, procureur au Parlement. » Fr. 5908, fol. 160 ; et Dupuy 250, fol. 106, mais sans le Nota (3 septembre 1484).
  4. Longnon, Étude biogr., p. 44.