Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous sa robe et en frappa violemment au visage Villon qui eut la lèvre supérieure transpercée « en grant effusion de sans ». L’affaire se gâtait : les témoins de cette scène se retirèrent hâtivement ; Sermoise, de son côté, semblait plus excité que jamais. Villon se voyant sérieusement menacé et en cas de légitime défense, tira à son tour une dague de dessous son petit manteau et en frappa Sermoise à l’aine. A ce moment, Jehan le Merdi revint qui désarma Villon. Maître François s’enfuit alors, tenant dans la main droite une pierre qu’il avait ramassée, et la jeta à la face de Sermoise qui le poursuivait : celui-ci, affaibli par sa blessure, tomba, et Villon courut chez un barbier pour se faire panser. A ce dernier qui lui demandait son nom, ainsi qu’il était tenu de le faire par les règlements de police[1], Villon déclara s’appeler Michel Mouton. Sans perdre de temps, il passa à sa chambre de la Porte-Rouge pour prendre quelques menus objets, et s’en vint sans doute embrasser sa mère à qui il raconta sa mésaventure ; après quoi il quittait précipitamment Paris pour se mettre à l’abri des atteintes de la justice. Ce dernier procédé était le plus sûr et le plus généralement employé pour éviter les longs mois de prison préventive et attendre en liberté les effets d’une demande en grâce adressée au prince, demande dont le résultat était plus ou moins influencé par les hautes protections que le suppliant avait pu mettre en œuvre. Cependant, le prêtre Sermoise fut relevé et porté en l’hôtel des prisons de Saint-Benoît, et bientôt interrogé par un examinateur du Châtelet qu’on était allé quérir. A la demande du magistrat qui le priait de lui dire si, dans le cas où il viendrait à mourir, il voulait que les siens ou tout autre

  1. Lespinasse, Les Métiers et les Corporations de la ville de Paris (1897, in-4o), p. 622-23.