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38 FRANÇOIS VILLON

licenciement des Ecorcheurs et des bandes d'aventuriers, gens de sac et de corde, qui constituaient jusqu'alors l'ap- point principal des troupes royales, jeta sur les routes de France de nombreux hommes d'armes qui, pour une cause ou pour une autre, n'avaient pas été acceptés dans les nou- velles compagnies d'ordonnances créées par la réforme de l'armée, en 1445. N'ayant aucun moyen d'existence et, pour la plupart, perdus de vices et de crimes, ils choisirent la seule profession qu'ils pouvaient exercer, celle de brigands de grands chemins. A eux étaient venus se joindre les déclassés de toute sorte, malandrins et vagabonds ; ils s'étaient organisés en bandes de malfaiteurs ayant à leur tête un roi qu'ils appelaient le roi de la Coquille ou le roi des Coquillards, terme sous lequel ils s'étaient eux-mêmes dénommés. Ils avaient leur police, leurs statuts et leur lan- gage particulier, le jargon. Ce dernier était à la fois pour eux un lien de ralliement et le moyen le plus efficace d'évi- ter les indiscrétions et d'opérer en sûreté. Leur action s'était surtout fait sentir dans l'Ile-de-France, en Champagne et dans l'Orléanais. La Bourgogne avait eu particulièrement à souffrir de leurs exactions; et la ville de Dijon était chaque jour le théâtre de vols et d'attaques à main armée qui avaient jeté le trouble dans la population. Le procureur- syndic de la ville, Jean Rabustel, avait reçu l'ordre d'infor- mer; et, grâce à sa diligence et à sa vigueur tout ensemble, il avait réussi, en octobre 1455, à mettre la main sur les principaux membres delà bande; puis par une dénonciation

Je congnois quant pipeur jargonne (Poés. Div., III, 13).

En 1457, un Bertrand Ebraud, mercier et voleur, est dit le Mercerot. Cf. Champion, Les Sociétés dangereuses du XV^ siècle, en appendice à Sai- néan, Les sources de l'argot ancien, t. I, p. 389, n. 2. « Sur la liste des Coquillards figure un mercier, Pierre Cliquet : un autre mercier, Jean du Marez, fut également impliqué dans cette affaire. » Ibid., p. 390.

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