Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/72

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retraite[1]) où il composa son Testament. Son passage à Paris avait dû être bien court, car il n’eut pas le temps de se renseigner sur les nombreux changements qui s’y étaient opérés depuis le temps qu’il l’avait quitté. C’est ainsi qu’il ignore que son protecteur Robert d’Estouteville, à l’avènement de Louis XI, avait été cassé de sa charge de prévôt ; que la Machecoue, la rôtisseuse du Lyon d’Or, qu’il croyait toujours exercer son commerce dans la rue de la Saunerie, était décédée. Supposant à bon droit que certains de ses légataires pouvaient n’être plus de ce monde, il en fait en plaisantant la remarque

Et s’aucun dont n’ay congnoissance
Estoit alé de mort a vie…[2]

Il rédigea son Testament à la fin de l’année 1461 ou au commencement de 1462 (l’année allait jusqu’à Pâques), en attendant l’entérinement de ses lettres de rémission, formalité pour laquelle il dut trouver, pour l’appuyer, les bons offices de maître Guillaume à qui il fait allusion dans ces vers où il lui exprime sa gratitude :

Item, et a mon plus que pere,
Maistre Guillaume de Villon,
Qui esté m’a plus doulx que mere
A enfant levé de maillon ;
Degeté m’a de maint bouillon
Et de cestuy pas ne s’esjoye…
Si luy requier a genouillon.
Qu’il m’en laisse toute la joye[3].

Ce n’est pas sans doute sans l’avoir sévèrement admonesté que maître Guillaume lui rendait ce nouveau ser-

  1. Test., 1056.
  2. Test., 1860-1.
  3. Ibid., huit. lxxvii.