Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/86

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yO FRANÇOIS VILLON

caractère brutal de l'époque, et est des plus vraisemblables, sans pour cela qu'elle soit nécessairement vraie. Rabelais s'est complu, pour lui donner plus d'importance et lui prêter un caractère de réalité plus vécu, à y mêler le nom de Villon, et à en faire le protagoniste de son récit \ Rabe- lais s'est rappelé Érasme, son modèle, qu'il avait toujours présent à l'esprit et sans préjudice de la Septiesme repaie franche auprès de Montfaucon, composée plusieurs années après la mort de Villon. On en connaît le canevas ^ De joyeux compagnons avaient décidé d'aller coucher auprès de Montfaucon, chacun avec une fille pour y faire « grant chiere », et munis de pain, d'un broc de vin et d'un pâté de six chappons dérobé chez quelque charcutier.

Deux escholiers voyant le cas

biographe, et il a rapporté uniquement ce qu'il avait appris sur lui tant par les moines qui avaient sans doute consigné la mort de leur confrère dans l'obituaire de leur couvent, que par les récits de témoins oculaires, aussi bien religieux que laïques, qui en avaient conservé la mémoire ; car, rappelons-le, il ne devait pas y avoir beaucoup plus de quarante ans que les faits s'étaient passés alors qu'ils furent répétés à Rabelais. » Filloti à Saint-Maixent (Poitiers, 19 14), p. 10 (extrait du BiiUetin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, t. III, i^r trimestre de 1914). — Dans cette même relation, Rabelais fait allusion à un prétendu voyage de Villon à « Bruxelles et ailleurs » ; ce qui serait un nouvel argument contre l'authenticité de son récit.

1. Antoine de La Sale procède exactement de même dans la peinture de son Saintré. Voulant, dans cette œuvre à tendance nettement didac- tique, représenter un guerrier célèbre, il a trouvé bon, pour donner plus de piquant à ses descriptions, de mettre au titre de son livre le nom de Jehan de Saintré «que l'on tenoit, dit Froissart, pour le meilleur et plus vaillant chevalier de France. » La vengeance que Saintré prend de domp Abbé évoque celle que Villon aurait prise de frère Tappecoue, scènes dont la parfaite vraisemblance, dans les deux cas, n'impliquent pas néces- sairement qu'elles aient eu lieu.

2. Édit./dnwc/, p. 217-218.

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