Page:Œuvres de Louise Ackermann.djvu/188

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II


Les voilà déjà loin, suivant leur destinée.
Au frêle amour humain arrachant son flambeau,
Tu tombas tout à coup dans ta course effrénée,
Toi qu’on nous peint d’abord si candide et si beau.
Victime du désir, plein d’une ardeur étrange,
Tu t’acharnais en vain à fouiller dans la fange,
Et descendais toujours sans cesser d’aspirer.
Oui, jusqu’au bout tu crus, sous ta lèvre pâlie,
Obtenir de l’ivresse en t’abreuvant de lie ;
Tu ne parvins pas même à te désaltérer.
Chaque jour plus ardent, vers de nouvelles ondes
Nous te voyons, don Juan, haleter et courir,
Criant toujours : « J’ai soif ! » à ces sources profondes
Que d’une haleine en feu tu venais de tarir.