Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/264

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É L E C T R E.

L’entraîner aux autels ! Ah ! Projet qui m’accable
Itys y périrait ; Itys n’eſt point coupable.

P A L A M È D E.

Il ne l’eſt point, grands dieux ! Né du ſang dont il ſort,
1300II l’eſt plus qu’il ne faut pour mériter la mort.
Juſte ciel ! Eſt-ce ainſi que vous vengez un père ?
L’un tremble pour la sœur, & l’autre pour le frère !
L’amour triomphe ici ! Quoi ! Dans ces lieux cruels,
II fera donc toujours d’illuſtres criminels !
1305Eſt-ce donc ſur des cœurs livrés à la vengeance
Qu’il doit un ſeul moment ſignaler ſa puiſſance ?
Rompez l’indigne joug qui vous tient enchaînés :
Eh ! L’amour eſt-il fait pour les infortunés ?
Il a fait les malheurs de toute votre race :
1310Jugez ſi c’eſt à vous d’oſer lui faire grâce.
Songez, pour mieux dompter le feu qui vous ſurprend,
Que le crime qui plaît eſt toujours le plus grand :
Faites voir qu’un grand cœur que l’amour peut ſéduire
Ne manque à ſon devoir que pour mieux s’en inſtruire :
1315Ne vous attirez point le reproche honteux
D’avoir pu mériter d’être ſi malheureux.
Peut-être ſans l’amour ſeriez-vous plus ſévères.
Vous ſavez ſur les fils ſi l’on pourſuit les pères.
Songez, ſi le ſupplice en eſt trop odieux,
1320Que c’eſt du moins punir à l’exemple des dieux.
Mais je vois que l’honneur, qui vous en ſollicite,
De nos amis en vain raſſemble ici l’élite :