Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/43

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Si mon père, ſorti du ſang de tant de rois,
D’Idoménée enfin a dû ſubir les lois ;
Quel eſpoir a nourri cet amour qui m’outrage ?
Et pourquoi m’en offrir un imprudent hommage ?
Vainqueur de Mérion, fils de ſon aſſaſſin,
La ſource de mes pleurs ſ’ouvrit par votre main :
Eſt-ce pour les tarir que vos feux ſe déclarent ?
Songez-vous que ces pleurs pour jamais nous ſéparent ?
Sous le poids de vos fers, je n’arrive en ces lieux
Que pour y recevoir les plus triſtes adieux.
Mérion expirait ; ſa tremblante paupière
À peine lui laiſſait un reſte de lumière ;
Son ſang coulait encore, & coulait par vos coups :
Barbare ! En cet état me parlait-il pour vous ?
Qu’il m’eſt doux de vous voir brûler pour Érixène ?
Conſervez votre amour, il ſervira ma haine.
Adieu, ſeigneur : c’eſt trop vous permettre un diſcourſ
Dont ma ſeule vengeance a dû ſouffrir le cours.


SCÈNE VI.
Idamante, Polyclète.
P O L Y C L È T E.

Ah ſeigneur ! Fallait-il découvrir ce myſtère ?
Avez-vous dû parler ?