Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/48

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Quoiqu’à mes yeux peut-être Idamante ait trop plu,
Il me ſera toujours moins cher que ma vertu ;
D’un amour que je crains il aura tout à craindre :
Avec ma haine ſeule il ſerait moins à plaindre.
Non, mon père, ton ſang lâchement répandu
À tes fiers ennemis ne ſera point vendu ;
Et le cruel vainqueur qui ſurprend ma tendreſſe
Ajoute à ſes forfaits celui de ma faibleſſe.
Je ſaurai le punir de ſon crime & du mien…
Le roi paraît… fuyons un fâcheux entretien.


SCÈNE II.
Idoménée, Érixène, Sophronyme, Iſmène.
I D O M É N É E.

Madame, demeurez… demeurez, Érixène.
Mérion par ſa mort vient d’éteindre ma haine ;
Ainſi ne craignez point ma rencontre en ces lieux :
Vous pouvez y reſter ſans y bleſſer mes yeux.
Mérion me fut cher ; mais de cet infidèle,
Mes bienfaits redoublés ne firent qu’un rebelle.
Vous le ſavez, l’ingrat, pour prix de ces bienfaits,
Oſa contre leur roi ſoulever mes ſujets.