Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
C a t i l i n a.

Pourquoi de cet hymen m’a-t-on fait un ſecret ?
Et pourquoi, s’il eſt feint, m’en cacher le projet ?
Traître, ce n’eſt pas vous qui deviez me l’apprendre ;
Mais on croit n’avoir rien à craindre d’un cœur tendre.
Sachez que d’un ſecret à demi confié,
Dès qu’on peut une fois percer l’autre moitié,
On eſt toûjours en droit d’en trahir le myſtère,
Et qu’on ne doit plus rien à qui nous l’oſe faire.

P R O BU S.

Eh bien, perdez, Madame, un homme généreux
Qui veut briſer les fers de tant de malheureux ;
Vengez votre beauté d’un amant infidèle,
Et votre orgueil bleſſé des projets qu’il vous cèle ;
D’un long embraſement devenez le flambeau,
Et nous ouvrez à tous les portes du tombeau.
Mais Catilina vient, évitez ſa préſence,
Ou du moins, gardez-vous d’irriter ſa vengeance.


S C È N E   I I.
C A T I L I N A,   F U L V I E,   P R O B U S.
C A T I L I N A.

Probus, où ſommes-nous ? & qu’eſt-ce que je voi !
Quel opprobre pour Rome, & quel affront pour moi !

C’eſt