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PARACELSE

dispose ce qui est soumis à la nature ; il la teint afin qu’elle se transforme en sang et en chair. Cet Alchimiste habite dans le ventricule[1]  ; c’est là qu’il opère comme en son lieu propre (in instrumento suo), c’est là qu’il digère ou accomplit ses coctions (ubi coquit). Comprenez ceci de cette façon : L’homme mange de la chair qui, en elle, contient une partie vénéneuse et une partie salutaire. L’une et l’autre, au moment où l’on mange, paraissent bonnes et pures. Cependant, sous le bien se cache le poison ; mais sous le mal, il ne se trouve rien de bon. Avant donc que la nourriture, comme par exemple la chair, glisse dans le ventre, l’Alchimiste, s’élançant immédiatement, établit la séparation. Et ce qui ne contribue pas à la santé du corps, il le dépose dans des lieux particuliers ; ce qu’il trouve de bon il l’enferme là où il doit se trouver. Telle est l’ordonnance divine. De cette manière, le corps est préservé afin qu’il ne soit pas tué par le poison de ce qu’il absorbe, et celui-ci est séparé par l’Alchimiste sans aucune industrie de l’homme lui-même. Et c’est ainsi que la vertu et la puissance de l’Alchimiste se trouvent en l’homme.

  1. Le mot ventricule nous paraît avoir désigné, tantôt, d’une façon particulière, l’estomac ; et c’est ainsi que l’entend Fernel, un des plus habiles anatomistes du xvie siècle (De Partium corporis humani descriptione. Lib. I. cap. VIl) ; tantôt, d’une façon plus générale, la région épigastrique tout entière, de l’ombilic au diaphragme, par opposition au venter inferior. C’est ainsi que paraît l’entendre Paracelse. La description qu’en donne Rufus d’Ephèse (De corporis humani partium appellationibus. Lib. II. cap. X) se rapporte exactement à l’estomac, suivant Théophile (De corporis humani fabrica Lib. II, cap. II) c’est tout l’appareil de la première digestion, y compris l’œsophage, que les anciens appelaient spécialement estomac.