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PARACELSE

pour servir à la nourriture de l’homme. Or, considérez que le bœuf est ainsi, pour l’homme, un poison à moitié. Car s’il eût été créé uniquement pour l’homme et non pour lui-même, il n’eût eu ni cornes, ni os, ni ongles. Car dans ceux-ci ne réside aucun aliment ; et ce qu’on en extrait n’est nullement nécessaire. Vous voyez donc que le bœuf a été fort bien créé, en raison de lui-même, et qu’il ne se trouve rien en lui qui manque ou qui soit superflu. Maintenant, si nous l’employons à la nourriture de l’homme, alors l’homme, en le mangeant, absorbe à la fois ce qui lui est contraire et qui est un poison pour lui, quoique ce ne soit pas un poison pour ce bœuï. Il faut donc que celui-ci soit séparé de la nature de l’homme, ce qu’accomplit son Alchimiste, où divers poisons sont engendrés, sans exception. Car tout poison est rejeté, par l’œuvre de l’Alchimiste, dans ses émonctoires, ce qui remplit ceux-ci. Or, tout Alchimiste, parmi les hommes, peut accomplir ce que l’Alchimiste accomplit dans le corps ; aucun art ne manque, nulle part, à celui-ci. Que chacun voie donc par cet exemple, qu’il doit s’efforcer d’opérer comme opère l’Alchimiste de la nature. Et si les poisons sont séparés, de telle sorte qu’on ne voie plus de poison, pensez que, même de ce bonnet, on peut extraire une excellente huile d’or, laquelle, cependant, est la plus détestable de toutes les huiles. Le mucus des narines n’est pas compté au nombre des poisons ; cependant, c’est aussi un poison très maudit, duquel naissent toutes les maladies catharrales (morbi destillationum), ce qui se voit parfaitement par ces maladies mêmes.