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DE L’ENTITÉ SPIRITUELLE

volonté parfaite et agissent d’après elle (ex ea), ceux-ci engendrent en eux-mêmes un esprit substantiel, et, de plus, factice (.) Celui-ci n’est pas

    breux. Le terme Anima s’appliquait à la portion du fluide vital universel que chaque homme recèle en lui, au circulus de la vie, mystère inconnu des barbares, et que nos langues ne peuvent désigner par aucun terme ; c’est la ψυχή des Grecs, le נפש Nephesh des Hébreux. On voit qu’aucun de ces deux termes ne correspond à notre mot âme, qui signifie la totalité des facultés immatérielles, et dont il faudrait peut-être aller chercher l’équivalent dans l’ἐντελεχέια des Grecs ; et l’on peut remarquer à ce sujet que les railleries prodiguées aux anciens au sujet de ce qu’ils appelaient Âme du Monde, sont bien peu motivées, ils n’ont jamais dit Intellectus ni Mens Mundi, mais Anima mundi, et ne lui ont pas donné une âme pensante, mais un coefficient de vitalité. MENS est le principe qui correspond, quoique imparfaitement, à l’âme de la théologie catholique. C’est la partie méritante de l’être, dans laquelle s’opère le discernement du bien et du mal ; mais elle est, en quelque sorte, impassible, et se dirige seulement d’après Ratio et Intellectus. Le principe Mens ne peut percevoir la lumière directement que par l’intuition et la contemplation, mais non par l’étude. Il n’est pas lié nécessairement à un corps ; et il est remarquable que lorsque les hiérologues prêtent une âme à Dieu, ils disent toujours : Mens divina et non Anima Divina et encore moins Animus Divinus. Les Grecs nommaient assez rarement ce principe μένος, θυμός ou διάνοια ; plus souvent, ils le confondaient à tort avec ψυχή et καρδία. Les Hébreux l’appelaient נשמה. Neshamah. Nous sommes trop facilement portés à le confondre avec l’entendement, à cause de ses dérivés modernes : mental, mentalité. Or, ce n’est que la partie inconsciente de l’entendement ; et nous avons tous l’intuition de cette différence lorsque nous disons que : « tel homme n’est pas intelligent », tandis que nous spécifions l’homme « une créature intelligente », contradiction qui n’est produite que par l’imperfection de la langue. Spiritus est le souffle, πνεῦμα, en hébreu רוח Rouah ; c’est le