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II
Paracelse

Car les novateurs les plus hardis, les chercheurs les plus subtils pressentent, à juste titre, que, sous les forines barbares de son latin incorrect ou de son jargon tudesque, se cache un précurseur qui pourrait venir siéger, avec autorité, au sein des écoles les plus modernes, et leur dire : « N’avais-je pas prédit chacune de vos découvertes, et énoncé, en mon langage scolastique, toutes les lois qui régissent la malière, et que vous parvenez à formuler, peu à peu, à la suite de recherches pénibles et de travaux considirables ?

Hâtons-nous de le dire, cependant ; Paracelse est déjà officiellement réhabilité de l’autre côté du Rhin.

Non point comme en France, où il ne préoccupe guère que les curieux de l’occulte, les habitués du quai Saint-Michel, épris de sciences mystérieuses, en quête d’énigmes troublantes et d’hiéroglyphes inexpliqués, qui ne le connaissent que par anticipation, le citent sans l’avoir lu, faute d’une édition courante et déchiffrable, et l’apprécient seulement comme séduisant mystagogue.

En Allemagne, c’est le corps médical tout entier qui lui a prêté nommage, et qui, dans la gloire d’une apothéose dont nul, ici, ne se doute, lui a rendu, comme thérapeute, la justice à laquelle il avait droit.

Tandis que nos facultés et nos académies l’ignorent, tandis qu’il n’a pu franchir le seuil des sphères officielles, et qu’il est exclu des chaires et des amphithéâtres ; tandis que, dans certains milieux, on risque encore, au nom de Paracelse, un sourire narquois ou un sarcasme puéril, en Allemagne on le lit, on l’étudie, on le discute, sans engouement partial, sans illusions ni mirages trompeurs, mais avec toute la gravité sérieuse qui caractérise cette nation.