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LIBER PARAMIRUM

sinon lorsque l’heure de la récolte (messis, ) approche, à laquelle l’un de vous doit récolter, soit Dieu, soit vous-même, ce que nous exposerons plus clairement au livre de Morte. Comment la médecine et les malades se comportent les uns les autres, ceci doit être soigneusement noté par vous, Ô médecins, parce que les maladies surgissent par l’ordre divin, sans aucune autre cause, comme l’Archidoxe vous en convaincra ; et c’est aussi pourquoi les médecines naturelles ont été créées également par la Providence divine, et pourquoi encore, comme nous l’avons dit plus haut, nul malade ne peut être guéri, sinon lorsque l’heure de la récolte (hora messis) (c’est-à-dire l’ordre divin) est présente, comme la prédestination l’indique. Comment donc la médecine sera-t-elle en rapport avec ceci, de telle sorte que le médecin puisse, à bon droit, se déclarer médecin ? De la façon suivante : le médecin est le serviteur et le ministre de la nature. Il s’ensuit donc que le médecin ne peut guérir personne si Dieu ne l’envoie à l’endroit propice. Ainsi notez et remarquez que l’Ellebore[1] provoque le vomissement. Mais qu’il soit utile à tout médecin qui veut s’en servir, cela est faux. La raison en est qu’il n’est pas prédestiné à tous les médecins, de façon à être efficace par lui-même pour la guérison du malade à qui il est donné. Car l’art du vrai médecin émane de Dieu, de même que la dose et la pratique et le principe. Alors le malade est envoyé à celui-ci et celui-ci au malade. Et toute cité qui entretient un

  1. C’est l’Ellébore blanc, Ἐλλέβορος λευχος Veratrum album de Linné, quod sursum purgat, dit Macer Floridus (De viribus herbarum LVI), tandis que le noir provoque l’évacuation alvine, nigrumque deorsum.