Page:Œuvres de Paracelse, trad. Grillot de Givry, tome I, 1913.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
PARACELSE

qu’est le corps, ceci a été découvert parfaitement au médecin. Celui qui forme le corps dans l’utérus maternel, celui-là même le forme aussi dans le ventricule. Car de même que cet architecte s’applique sans cesse à son œuvre, de telle sorte qu’il ne fait pas autre chose ensuite que raccommoder et corriger ce qui est fait, c’est-à-dire conserver cette forme qui, tel jour ou tel autre, est diminuée, déformée ou brisée et est détériorée, soit d’une façon, soit d’une autre ; de même toutes ces choses se remarquent, de nombreuses manières, dans les corps, soit sains soit malades. Car la santé demande autant à être conservée dans son intégrité et perfection, que la maladie demande à être guérie.

Il est évident, par tout ceci, que, pour cette raison, nous avons deux corps, qui ne sont vraiment qu’un corps ; mais ils sont créés suivant un mode double : suivant la semence et suivant l’aliment ; et ce corps alimentaire est semblable au corps spermatique. D’où il nous est utile de connaître que, aussitôt que nous sommes sortis (elidimur, ) de l’utérus maternel[1] et même en lui, nous vivons par la seule grâce et miséricorde de Dieu, et nous entretenons (producamus, ) notre corps (non de l’utérus maternel) au moyen de l’aliment. Car nous recevons, suivant la justice, un corps de notre père et de notre mère. Celui-ci, afin qu’il ne périsse et ne meure, nous le soutenons suivant la grâce, par la

  1. Littéralement corps maternel (Mutter Leib). Et même en lui, n’a pas été rendu par le traducteur latin, qui a dû y voir un contre-sens. Cependant, le fœtus en gestation se nourrit même de l’aliment par l’intermédiaire de la mère. Il n’y a que le sperme seul qui ne se nourrisse pas.