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LIBER PARAMIRUM

précation vers Dieu, lorsque nous prions : Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien, ce qui est la même chose que si nous disions : Donnez-nous aujourd’hui notre corps quotidien. Car le corps pris du sein maternel se nourrit jusqu’à l’heure de la mort. Et c’est pourquoi nous prions pour l’aliment quotidien. Car c’est quotidiennement qu’il nous donne le corps. Ainsi il est en nous deux corps : celui de la Justice et celui de la Miséricorde. De même il y a deux médecines : celle de la Justice et celle de la Miséricorde, c’est-à-dire que nous avons été appelés à deux corps : à celui qui nous a été donné de notre père et de notre mère, et à celui qui nous est conféré par l’aliment. C’est pour cette raison qu’il nous a été enseigné, par le Christ, de solliciter notre pain quotidien, comme s’il eût dit : Votre corps reçu de votre mère n’est rien. Celui-ci est mort aujourd’hui, hier ou il y a longtemps. Donc le pain sera ensuite votre corps futur. Ayez donc soin ensuite de ne jamais vivre de la justice provenant du père et de la mère, mais du corps de la miséricorde. Et, pour cette raison, répandez-vous en prières vers votre Père céleste, afin qu’il vous donne le pain quotidien, c’est-à-dire votre corps. Et alors il vous donnera le corps, c’est-à-dire le corps de miséricorde. C’est en celui-ci que nous vivons dans la suite ; et nous ne conservons rien du corps de Justice, sinon le principe (initium, ) de notre nativité. Et cest pourquoi nous nous mangeons nous-mêmes par la grâce et la miséricorde. Car l’homme doit penser ceci, de telle sorte, en lui-même, que, bien qu’il soit sorti de l’utérus de la mère, il n’est pas cependant le fils de sa mère et de son père, mais le fils de celui qui lui accorde l’aliment. C’est pourquoi celui-ci est notre Père