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PARACELSE

céleste, non seulement selon cette justice qu’il a placée dans Adam et sa postérité ; mais il est quotidiennement encore notre Père, en ceci, lorsque nous perdons le corps donné par notre père corporel et mortel. Car nous ne retenons rien de notre père mortel, selon la semence, mais nous conservons tout le reste qui nous vient de notre Père céleste. C’est de lui que nous sommes, c’est lui que nous prions pour notre corps et non pour le corps de justice. Or, si ce corps de la grâce n’existait pas, l’autre, celui de la justice, succomberait à tout moment. Ainsi, voyez donc quel est ce corps. Nous nous mangeons nous-mêmes, non pas cependant selon la justice, mais selon la grâce et la prière.

CHAPITRE VIII


Ainsi nous devons donc considérer attentivement quels et ce que nous sommes, et ensuite si ce n’est pas du corps donné par la mère, mais du corps du pain, par la grâce et non par la justice, que nous vivons. Car c’est à ceci que fait allusion Saint Jean-Baptiste, lorsqu’il atteste aux Juifs que Dieu a pu, des pierres elles-mêmes, susciter des fils à Abraham[1]. Qu’est-ce à dire, sinon faire du pain avec des pierres, ou avec de la terre ? Lequel pain fera croître les corps des fils d’Abraham, lesquels, ensuite, devront reconnaître qu’ils vivent selon le corps de la grâce. Et ainsi nous avons notre corps de l’aliment du pain. Ce que j’énonce ainsi, afin de confir-

  1. S. Matth., III, 9.