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PARACELSE

baume qui guérit les blessures. Le Mastic, les substances gommeuses, (gummata, ) et la Litharge () ne concourent pas même un tantinet (tantillum, ) à la génération de la chair ; sinon

    qu’Hérodote déclare connaître, mais ne pouvoir révéler, cette opinion peut n’être pas erronée, surtout si l’on examine les momies de Thèbes, infiniment supérieures aux autres, et qui ont conservé toute leur flexibilité, dont la chair s’enfonce sous le doigt, tandis que celles de Memphis et celles de basse époque sont noires, cassantes, pétrifiées, profondément imprégnées de bitume de Judée. L’énergie vitale du sang ne serait-elle pas entrée dans la préparation des premières, tandis que les secondes ne trahissent-elles pas la perte progressive du secret des embaumeurs ?

    Quoi qu’il en soit, les auteurs du Moyen-Age et du xvie siècle confondaient ces deux notions avec une indécision exquise, comme l’indique ce passage de Richard le Blanc, dans sa curieuse traduction du livre De subtilitate, de Cardan (1556) : « Au temps passé, la moumie, dicte mumia, estoit ung sang concret et figé des Égyptiens, aromatisez de myrrhe, d’aloës et d’aultres odeurs aromaticques, comme est la cassie, dicte cassia et l’amomum. Ce médicament estoit ung souverain remède à la partie d’où couloit le sang et pour les entrailles rompuës et meurtries. » Mieux, certains médecins eurent l’idée d’extraire le médicament mumia, non plus du sang, mais des momies égyptiennes elles-mêmes, pulvérisées et réduites en une substance que l’on nommaïit dès le xiiie siècle : Pouldre de mumie. Il s’en fit une consommation telle, que, les momies véritables étant très rares, des marchands d’Alger se mirent à en fabriquer de fausses avec des cadavres d’esclaves et vendirent pendant longtemps ces prétendues momies aux officines d’Europe, si l’on en croit le livre du médecin La Martinière : L’Heureux Esclave… pris par les corsaires de Barbarie, publié en 1674. Les droits de douanes sur cette substance étaient assez élevés ; d’après le Tarif Général de 1664 ; Momie, le cent pesant payera cent sols. » L’obscurité des auteurs des diverses époques indique qu’ils n’avaient pas une notion bien exacte de ce qu’était la momie, qui devenait, un peu comme le bézoard, une eubstance indéterminée et fabuleuse. Saint Clément