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LIBER PARAMIRUM

ci naisse de l’intérieur, et non pas qu’elle soit ajoutée de l’extérieur. Et ainsi la guérison des blessures n’est autre chose qu’une protection (defensio, ) afin que la nature ne soit pas opprimée par aucune chose étrangère, mais puisse procéder, sans obstacles, (inoffensa, ) à son action. Ainsi celle-ci guérit, elle-même ; elle aplanit (complanat, ) et dispose, elle-même, comme la chirurgie des médecins habiles l’enseigne. Car la Momie[1] est l’homme lui-même. La Momie est le

  1. Mumia. Paracelse parle fréquemment de cette singulière substance, principalement dans le De Mumia Libellus, éd. Huser 4o, tome VII, et dans les Chirurgische Bücher und Schrifften, éd. 1605, 1o. Les auteurs du Moyen-Âge ont attribué au mot Mumia diverses significations qu’il est malaisé d’accorder. Mais ce terme servit principalement à désigner l’esprit vital qui circule dans le sang, ce que Moïse appelle נפש הבשר, Anima Carnis (Leviticus, XVII, 11 et 14), et au sujet duquel les Juifs ont donné tant de prescriptions minutieuses pour la préparation des viandes. On coagulait ce fluide vital dans des compositions pharmaceutiques tirées du sang humain, et ces compositions prenaient le nom de Mumia ou Momie. Les Grecs connaissaient une sorte de philtre préparé, paraît-il, avec du sang, et qui prenait le nom de Μῦμα. Mais ils n’employaient pas ce terme pour désigner les corps embaumés auxquels ni Hérodote ni Plutarque n’ont donné de nom particulier, il est inconnu dans la langue cophte ; mais il existe en arabe مو ميا où il désigne spécialement les momies égyptiennes. Pourquoi donc ce même terme a-t-il été affecté à la désignation de l’esprit du sang et des corps embaumés ? Parce que l’on supposait que les Égyptiens, pour la confection de leurs momies mettaient en œuvre la Mumia, le Nephesh Habashar de Moïse, opinion qui prit certainement naissance chez les médecins arabes du Moyen-Age, auxquels la doctrine de Moïse était familière, et qui pouvaient observer sur place les tombeaux égyptiens. Au demeurant, si l’on considère que l’art de l’embaumement était en partie initiatique, qu’il comportait certains secrets