Page:Œuvres de Paracelse, trad. Grillot de Givry, tome I, 1913.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
PARACELSE

avec la même facilité, mais non avec la même perfection. Tenez donc ceci pour certain. Notre corps nous a été donné exempt de poison. Et ce que nous donnons au corps en guise d’aliment contient du poison qui lui est joint. Ainsi le corps a été créé parfait ; il n’en est pas autrement. De ceci, considérez que les autres animaux et les fruits nous sont une nourriture, donc un poison également. Par eux-mêmes ils ne sont ni nourriture ni poison au regard d’eux-mêmes ; et en tant que créatures, ils participent à la même perfection que nous. Mais dès que nous les prenons pour nourriture ils deviennent un poison pour nous. C’est pour cette raison que telle chose qui, de soi-même, n’est pas un poison du tout, devient un poison pour nous.

CHAPITRE II



Mais il convient d’examiner ceci plus longuement. Toute chose quelle qu’elle soit, est parfaite en son ipséité, et a été bien faite, en elle-même, pour sa raison d’existence. Mais si nous envisageons d’autres usages, alors elle a été formée bonne et mauvaise. Ainsi vous jugerez : Le bœuf, qui se nourrit d’herbe, reçoit de celle-ci, à la fois, poison et santé. Car l’herbe possède en soi et l’aliment et le médicament. Cependant l’herbe n’est pas poison à l’herbe elle-même[1]. De même pour l’homme : Tout

  1. Paracelse veut dire que le suc vénéneux qui coule en certaines plantes, et qui est un poison pour l’espèce animale