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DE L’ENTITÉ DU POISON

où il abrite sa vie (hospitium ejus vitæ, ) a besoin absolument de boisson et de nourriture. Ainsi donc l’homme est contraint d’absorber en lui le poison, les maladies et sa mort même par la nourriture et par la boisson. Ainsi donc on pourrait diriger contre lui (le Créateur) cet argument, qu’il ne nous a donné notre corps et n’y a joint la nourriture que pour nous ôter la vie (nous juguler). Mais sachez que le Créateur ne retranche rien à la créature, mais il laisse à chacun sa perfection propre. Et bien que certaines choses soient pour d’autres un poison, on ne peut nullement cependant en accuser répréhensivement le Créateur.

CHAPITRE IV



Voici comment vous suivrez l’œuvre du Créateur : Si toutes choses sont parfaites en elles-mêmes et composées par l’ordre du Créateur, de telle sorte que l’une réalise la conservation de l’autre, comme, par exemple, l’herbe nourrit la vache et la vache nourrit l’homme, de telle sorte que la perfection d’une chose soit, à une autre chose qui la consomme, tant un bien qu’un mal, et soit, à cause de ceci, imparfaite, il doit être établi que le Créateur a formé celles-ci en vue d’une création plus abondante et plus riche (uberior) que la création elle-même ; et c’est pour cette raison qu’il a voulu que les choses soient créées de telle sorte que, dans ce qui est nécessaire à une autre chose, se cache (lateat) une vertu, un art et une efficacité telle que, par cette vertu, le poison soit séparé du bien, en vue du salut du corps et de la nécessité de l’aliment, et que cet ordre soit mutuellement gardé. Exemple : Le paon dévore les ser-