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LIBER PARAMIRUM

CHAPITRE III


Puisque toute chose, parfaite en soi, est, en raison des autres, soit vénéneuse, soit salutaire, poursuivant notre discours, nous établissons ainsi que DIEU, à celui qui se nourrit ou se sert d’une chose étrangère qui lui a été donnée pour lui être salutaire ou pernicieuse, a constitué un Alchimiste d’une telle habileté, qu’il peut parfaitement discerner ces deux choses l’une de l’autre, savoir : le poison dans son étui (vidulum, ) et la nourriture pour le corps}[1]. C’est ainsi, comme nous vous en avons avertis plus haut, que nous voulons que vous acceptiez et que vous compreniez notre base. Mais voici un exemple d’un autre genre. Celui qui est seigneur ou prince, celui-ci comme il convient à un prince, est, en lui-même, parfait. Mais il ne peut être prince, sans avoir des serviteurs qui le servent, lui, prince. Or, ces serviteurs sont également parfaits en soi, en tant que serviteurs ; mais non pour le prince, car ils sont pour celui-ci à la fois un poison et un préjudice et, en même temps, une nécessité. Mais puisque vous entendez ceci de l’Alchimiste de la nature, soyez certains que Dieu a donné à lui, prince, la science en lui-même, telle qu’il convient à un prince. Celui-ci apprend à séparer le poison de ses serviteurs, et aussi à prendre de ceux-ci le bien qu’ils lui donnent. Si cet exemple ne vous paraît pas cadrer absolument avec notre sujet, vous trouverez la base de la présente question, placée dans l’enseignement suivant la doctrine du Sapient, où ceci est expliqué. Voici en quoi elle consiste. Il est nécessaire à l’homme de manger et de boire. Car le corps de l’homme qui est l’auberge

  1. Le latin ajoute ingerendo.