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PARACELSE

trouver dans un fiel, ce fiel ne peut donc être dompté, dans les maladies canoniques, sinon par sa monarchie propre, c’est-à-dire cette même médecine, si elle a été ordonnée dans une autre Anatomie et Physique que la médecine des hommes. C’est pourquoi, l’effet que la centaurée mâle[1] produit dans l’homme est produit, au même degré, par la centaurée femelle[2], dans la femme. Car ceci a été de si grande importance auprès de Dieu, qu’il a attribué aux femmes leur monarchie particulière. Et, de même qu’il les a transposées dans un autre corps et nature que les hommes, de même il leur a assigné leur monde, leur aliment et leurs besoins particuliers ; et il a prescrit au médecin de scruter et connaître ces choses, et non Avicenne et Galien. Car la Providence divine a devancé ces génies mensongers, et a dit qu’elle a créé le médecin lui-même, c’est-à-dire : Celui-ci seul peut être Médecin que j’ai créé moi-même ; tout autre qui s’érige lui-même (en médecin) est faux ! Maintenant, éprouvez, selon la Lumière de la Nature, où est le faux (médecin) et où est le véritable ?

Or, puisque toutes choses naissantes ont été divisées à cause de deux monarchies, comme il a été dit, c’est pourquoi le firmament, la terre, l’eau et l’air ont été divisés en ces deux monarchies, de telle sorte

  1. Les anciens appelaient cette plante : fiel de terre ; c’est la petite centaurée ou centaureum minus, Κενταυρις, Χείρωνος ῥίζα ou χενταύρι ον μιχρον, ἢ λιμναῖον : appelée par Linné Erythræa centaurium.
  2. C’est la grande Centaurée ou Centaurea Centaurium. Paracelse paraît être le seul qui ait adopté les dénominations de centaure mâle et femelle.